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Mahfoudh: Il est temps de suspendre la Constitution de 2014

Amine Mahfoudh, professeur de Droit constitutionnel, a estimé, ce mardi, lors de son passage dans Midi Show, que le président de la République n'a pas prolongé les mesures exceptionnelles car l'article 80 ne fixe pas de délais.

"Les 30 jours indiqués dans cet article sont consacrés à la Cour constitutionnelle  pour examiner les mesures prises par le chef de l'Etat. Saïed a fixé le délai du gel du Parlement et il a décidé de faire une prolongation", a-t-il expliqué.

"En l'absence de la Cour constitutionnelle, il n'y a qu'une seule lecture possible, qui est celle du président de la République", a estimé Mahfoudh.

Le professeur a noté que les lois ne sont pas des sciences exactes et peuvent avoir plusieurs interprétations et qu'il y a un certain flou dans l'article 80.

Par ailleurs, Mahfoudh a indiqué que la Constitution du 24 janvier 2014, contient pas mal de lacunes et de contradictions. "Personnellement j'étais pour l'application de l'article 80 et je trouve qu'il est temps de suspendre la Constitution qui n'a fait que bloquer le pays. Ces textes n'ont même pas permis au gouvernement et à ses institutions de gérer une crise sanitaire. Il s'agit d'une occasion de suspendre le Parlement et de présenter le projet d'une nouvelle Constitution cohérente et qui met un terme aux textes hybrides et contradictoires. C'était le cas en France lorsque De Gaulle a suspendu la Constitution de 1946. Il faut élaborer une nouvelle Constitution qui passe par la suite au vote par référendum. Ces textes doivent indiquer clairement les droits et les libertés. Ceci permettra à la Tunisie d'entrer dans une nouvelle ère.Il est temps de franchir cette étape qui permet d'instaurer un Etat de droit réel.  Il ne faut pas non plus avoir peur de revenir au peuple... La nouvelle Constitution ne doit pas commencer par une page blanche et profiter de la légitimité populaire du président pour franchir le pas", a-t-il conclu.